Histoire et monuments de la commune

ORIGINE DU NOM

MANSUS VINCINI, c’est-à-dire la manse d’un certain vicinus ou voisin (la manse étant une unité d’exploitation agricole du haut moyen âge, comprenant la maison d’habitation et son jardin, ainsi que les champs répartis dans les diverses soles du terroir).


DESCRIPTION

Pays très ancien – Vieilles granges, vieux murs en “bauge” qui pourraient dater du XVIe siècle et construits par des maçons Bretons qui avaient l’habitude d’incorporer des os dans leurs constructions [Ces os servaient au palissage des arbres fruitiers, de la vigne ou pour attacher les animaux… ].
Il se pourrait que ces maçons bretons aient été amenés dans la région de Rambouillet par le Duc de Ponthieu, et qui, de ce pays, se seraient répandus dans les environs.
La superficie de la commune est de 314 hectares et l’altitude est de 137 mètres.


EVOLUTION DE LA POPULATION

1857 – 376 habitants, y compris les écarts de Ligaudry et de Chimay
1896 – 298 habitants
1936 – 279 habitants
1954 – 266 habitants
1962 – 291 habitants
1968 – 268 habitants
1975 – 320 habitants
1982 – 462 habitants
1990 – 535 habitants
2003 – 650 habitants

2010 – 654 habitants

2015 – 646 habitants


L’EGLISE SAINT-HILAIRE

eglise Elle est très ancienne et la charpente de la voûte atteste l’influence des Normands qui auraient occupé une grande partie de cette région si l’on en juge par le style semblable dans de nombreuses églises de cette partie de la Beauce. En tout cas, on peut admettre que la population n’a guère changé d’après les dimensions de l’église. Cette église est un édifice rectangulaire où l’on peut distinguer deux époques : une partie de la nef, qui peut remonter à la période romane ; le mur sud, dans lequel fut percée, au XVIe siècle, une fenêtre, montre un appareil en arête de poisson assez caractéristique des constructions des XI-XIIe siècles
L’Eglise fut très abondamment restaurée au XVIIe siècle, ainsi qu’il arriva souvent aux églises de Beauce ayant grandement souffert de la Guerre de Cent ans ; une grande partie du chœur, la façade avec le clocher, quelques fenêtres ont dû être refaites au XVIe siècle. De cette période, il n’y avait guère à noter qu’une assez belle charpente dont les entraits sculptés de dévorants (parmi lesquels une belle tête de chien), et portant sur un écu la chemisette du chapitre de Chartres et un curieux support de pierre tendre sculptée, connu sous le nom de « Borne de Mévoisins », orné de quatre personnages ; il provenait probablement de l’église où il avait pu servir de bénitier, il a marqué longtemps une croisée de chemins, mais a hélas disparu en 1965.

Pour la sacristie, on a utilisé une pierre dans laquelle est gravée “…..de Liège 1706”

Un “témoin” de travaux (sur la toiture ?) au XVIIIe se trouve en haut du chaînage vertical du chevet (pierre et grès) : “1763”

La cloche actuelle de Mévoisins a été bénie le 23 septembre 1888 par M. LORIN, curé de Yermenonville, parce que M. CHARTIER, curé de Saint-Piat était mort l’avant-veille de la cérémonie (il fut enterré le lendemain, 24 septembre).
La cloche a été nommée Louise – Julie – Marie, son poids est de 210 kgs et demi
Parrain : Jules Aristide Louis Bézard, maire de Mévoisins
Marraine : Louise Augustine Marie Senainville
Fondeur : Dubuisson à Paris.
(M. Senainville était adjoint au Maire, et père de la marraine, elle-même mère de M. Georges Mercier).

L’église était entourée d’un cimetière qui fut désaffecté en 1907.


LE LAVOIR

lavoir Le 27 octobre 1811, le conseil décide l’acquisition de 10 perches de terre (ancienne mesure agraire qui valait 34.18 m2 à Paris) dans une aunaie appartenant à Mme Vve Massât et M. Verdier son gendre, pour y construire un lavoir communal au bout de la rue Gillet en bordure de l’Eure. Mévoisins s’enorgueillit de posséder sur le bord de l’Eure un très ancien lavoir qui fait maintenant partie intégrante de son patrimoine et qui, de plus, symbolise la Vallée de l’Eure « Pays d’accueil », car il a en effet été choisi pour illustrer l’auto-collant hexagonal largement distribué par le « Syndicat Mixte d’Aménagement de la Vallée de l’Eure », notamment par l’intermédiaire des offices du tourisme du département. Cet autocollant est de plus reproduit, tant sur la brochure « Circuits de Promenade en Vallée de l’Eure » que sur la carte à l’échelle 1/50.000 vallée de l’Eure de l’Institut Géographique National.

Ce lavoir est particulièrement remarquable par ses proportions, mais aussi par sa conception et son mécanisme qui a la particularité de permettre aux lavandières d’adapter leur plan de travail à la hauteur de la rivière, celles-ci pouvant en effet le faire descendre ou monter à volonté.


Jean-François COLLIN D’HARLEVILLE (30 mai 1755 – 24 février 1806)

collin_d_harleville Malgré les apparences du nom, Collin d’Harleville n’était pas noble. Son grand-père, Martin Collin, d’origine liégeoise, était venu participer à la construction de l’aqueduc de Maintenon, et séduit par la vallée de l’Eure il s’y fixa définitivement. Jean-François, qui naquit le 30 mai 1755 à Maintenon, était le sixième enfant d’Edme Martin Collin, avocat au bailliage de Chartres. La famille alla ensuite habiter le village de Mévoisins.
Pour le distinguer des autres enfants, Jean-François reçut le surnom « d’Harleville », du nom d’une terre que la famille possédait. Mais au moment de la Révolution, il redevint plus modestement le « citoyen Collin d’HarlevilIle ».

Collin fit ses études à Chartres, puis à Paris, où il rima ses premiers poèmes. En 1779, il composa sa première comédie, « L’Inconstant », qui fut jouée à Versailles, puis « L’Optimiste ».
La tourmente de 1789 surprendra Collin dans son ermitage de Mévoisins où il s’était retiré à la suite d’une maladie. Dans ce cadre qu’il affectionne tant, les événements tragiques de la capitale lui demeurent étrangers. Il est évident qu’il n’est pas un homme d’action, encore moins un homme de révolution. Il essaie pourtant de se faire entraîner dans l’engrenage des événements : en 1790, il est nommé colonel de la milice des Gardes Nationales de Mévoisins. Mais il retourne vite au théâtre et à la poésie. Sous le Directoire, il est élu triomphalement à l’Institut National qui remplace les anciennes académies. Une nouvelle carrière s’ouvre à l’ermite de Mévoisins : celle du poète officiel qui, jusqu’en 1804, écrira discours, éloges et poésies de circonstance. Puis la tuberculose qui le ronge le contraint une nouvelle fois à trouver refuge à Mévoisins.
Malgré la maladie, ces dernières années passées sur le sol natal compteront comme l’une des périodes les plus sereines de son existence. Il peut enfin mener la vie tranquille de patriarche villageois qu’il a célébrée dans son poème « une journée des champs » :

« De mon alcôve, et j’ordonne et j’arrête »
« Mille travaux, car j’ai tout dans ma tête
« Et dans mon cœur : on sourira, mais quoi »
« C’est mon bonheur, mon tout enfin c’est moi »


Au village, il est à la fois la personnalité, le bienfaiteur, et le secrétaire. Les jeunes filles lui font écrire les lettres à leur amoureux et il s’acquitte de ces petites corvées avec la meilleure des grâces.

Pourtant, c’est à Paris que Collin d’Harleville, chevalier de la Légion d’Honneur, s’éteindra le 24 février 1806.

Pour nous, il ne reste que la vieille demeure, bien conservée, car l’œuvre n’a guère survécu au poète et il faut bien reconnaître que nul ne lit plus aujourd’hui les vers du chantre de Mévoisins.


L’ARBRE DE LA LIBERTE

arbre_liberte De nombreux Arbres de la Liberté, de la Fraternité et de la Nation ont été plantés en France après 1789. Louis XVI lui-même en aurait fait planter aux Tuileries en 1791. En 1794, l’abbé Grégoire en dénombre plus de 60 000. On planta surtout des chênes, des tilleuls, des ormes et des peupliers. Des « Sully », vieux ormes majestueux datant de Henri IV, furent baptisés pour l’occasion, Arbres de la Liberté.

Beaucoup de ces sujets plantés en dépit des règles de l’art moururent rapidement. Un décret de 1794 ordonna d’en planter de nouveaux, mais cette fois, selon des principes édités par le chef des cultures du Jardin des Plantes. Il ne reste que très peu de ces témoins. Hormis celui de Mévoisins, les plus connus sont : le platane de Bayeux, le chêne de Gahard (Ille et Vilaine) et celui de Locquénolé (Finistère), le marronnier de Vry (Moselle), les tilleuls d’Allenwiller (Bas-Rhin) et de Pérouges (Ain).

Extrait du Conseil Municipal de Mévoisins du 24 avril 1889
« … Ouï la lecture faite par le président, Considérant que la commune de Mévoisins possède sur une de ses places publiques un arbre datant de la Révolution de 1789 et appelé “Arbre de la Liberté ; Qu’elle a projeté, depuis longtemps, de célébrer par une grande fête l’anniversaire de la plantation de cet arbre le 22 septembre prochain ; Qu’à cet effet le conseil a inscrit une somme de 130 francs au budget de 1889 »

L’arbre de la liberté de Mévoisins est un tilleul qui fut planté en 1789 comme symbole de la Révolution. C’est, à notre connaissance, le seul arbre de la Liberté de 1789 authentifié en Eure et Loir. En 2000, une plaque commémorative a été installée ainsi que l’illumination de l’Arbre et de l’Eglise.


LE MENHIR

menhir Le 2 septembre 2000, notre village a érigé un « menhir » en grès local de plus de 10 tonnes et a festoyé en mémoire et à la manière de ses ancêtres, premiers agriculteurs beaucerons d’il y a 6 000 ans. Cette pierre dressée, hautement symbolique pour nos ancêtres, d’autant plus mystérieuse pour nous, a une origine qui se perd dans la nuit des temps. Il y en a presque partout dans le monde. Nul ne connaît aujourd’hui sa signification, mais elle démontre la puissance de la force morale qui peut animer et rassembler des hommes autour d’un grand projet collectif et bénévole. En renouvelant solidairement le geste de nos ancêtres nous leur rendrons hommage et manifesterons notre confiance dans l’avenir en laissant un « lourd » témoignage aux générations futures.

Ce monument est érigé à la sortie de notre village, au lieu-dit « Les Bouquets » à environ un kilomètre à gauche sur la route de Yermenonville, sur une butte d’où il est visible de chez nous et de l’un des plus proches monuments mégalithiques construits par les « vrais néolithiques » le dolmen de « La Pierre Fritte ».


Texte coordonné par Mme Françoise Geoffroy